Si jeune, et si riche.
Tellement « gosbo ». Pire que tout : jouasse à en
péter la Lune. Ça te fout la rage, mais tu restes. C'est trop tard,
t'es accroc à cette dope, mec. Tu peux plus aller voir ailleurs
quand ça commence. Impossible de détourner les yeux face à tant de
lumière, de fraîcheur, et de bikinis enthousiastes.
« They've
been spending most their lives living in a pastime paradise... »
Toi, nulle part, tu
existes. C'est chelou... Comme tu comprends pas, tu crois que
tout ça, c'est de la magie. Ça te fait mal, mais c'est plus fort
que toi : il faut que tu restes. Il faut que tu fasses partie du
truc ; à tout prix. C'est presque vital... Il faut que tu
arraches une miette de cette expérience. Tu dois croquer dans la
baguette, la baguette géante, malgré ta mâchoire de puceron.
L'écorce te paraît comme du béton, ou du marbre. Alors, tu
lèches...
Le samedi soir, dans le
club de merde où tu emmènes danser ta misère, elles sont jamais
motivées comme ça, les meufs... Mais dès qu'elles passent à la
télé, ça y est, c'est l'orgasme.
En bas de l'échelle, y a
les figurants, et ensuite, y a toi, juste après, qui matte sans être
payé. Tellement loin derrière la caméra, que tu sais même pas de
quelle couleur est le blouson du cameraman. T'es dilué dans 400
millions de vues, et pourtant tu joues le rôle principal, le rôle
du pétrole, bien sûr...
Une fois que la cuve est
pleine d'anonymes dans ton genre, on verse tout ça dans le réservoir
d'un Hummer qui part en vadrouille sur une île désertée par
les mendiants, les mendiants comme toi.
— C'est les vacances ! On a
le droit à une pause, putain !
Et on roule sur l'eau,
plein pot, en te remerciant d'avoir existé quand tu pars enfin
rejoindre le ciel sous forme de gaz carbonique. C'est grâce à toi,
tout ça. Grâce à ta rage : la bave de vivre... Tu peux être
fier, sérieux. Tu sers à quelque chose dans ce monde. Tu fais don
de ton cœur, qu'on
découpe en lamelles pour le mettre à frire dans une piscine d'eau
bouillante. Les cannibales raffolent des frites, des existences
déconfites, des gosses qui savent pas nager : des kamikazes.
Bieber s'est levé tôt
le jour du tournage. Il s'est levé super tôt, ce matin. Il a trop
mal dormi à cause du stress. Il ruminait des trucs. « Est-ce
que je vais pas me viander, demain, dans la choré ?... »
Il a rêvé qu'il chiait mou dans la flotte turquoise. Nuit de merde.
Mais c'est bon, ça porte bonheur les cauchemars.
Il arrive 5 min en retard
au paradis. Il transpire du dos, il est vener. Le paradis ressemble à
rien. Il grouille de techniciens, de pétasses à lunettes, d'homos
speed qui lui mettent la pression, lui demandent des trucs à la con,
juste pour le faire chier, donner l'air de ne pas être le chaouch
d'un ado maigrelet ; maigrelet milliardaire... Y a de l'eau
partout, parterre, des traces de semelles dégueulasses, des
intermittents du spectacle, des danseuses roulées dans des
serviettes, du fil en plastoc, des gobelets vides, des mégots, des
bouteilles « d'1 litre 5 », et puis surtout : des
multiprises (dans tous les sens...)
Le réal, pour une fois,
hurle un truc vrai, du style : « ces putains de 4 minutes
doivent être le reflet de ta vie, Bieb'! » Son quotidien
d'artiste est relativement pourri, lui aussi. Ce clip doit être une
carte postale du paradis...
« They've
been spending most their lives living in a pastime paradise... »
Extrait de la nouvelle piste « art total » ? Je fais des trucs qui s'y apparentent, moi aussi. Mélange de texte original (le tien est bon, là, d'ailleurs), de citations, de sous-titres, de musique empruntée ou reprise par moi-même, d'images originales entremêlées de citations audiovisuelles, le tout avec des mises en abîmes sur abîmes (moi aussi mais) dans le temps (et par l'espace – et espace mental, aussi), etc. Ça paraît peut-être pas, comme ça, mais parce que tout ça n'est pas encore paru, tout simplement. Et chez toi ? C'est donc ça ? Un exemple ? Hélas (à mon goût) le ton de la voix-off est peut-être un peu trop dégagé, ou pas assez présent (en volume). Je suppose que c'est voulu, délibéré, bien sûr, pesé et repesé, travaillé et retravaillé, comme de l'orfèvrerie, je connais bien le métier, un truc de fou(s), mais je dis : à mon goût, et actuel, et à première vue seulement. (Ah, et lumière un peu triste. Là-dessus moi je suis obsédé, très petite nature pour un peu, et toi dans un autre trip, évident – moi je viens du cinéma (lo-fi sauvage) réaliste, alors tu vois un peu.) Mais le tien, de goût, est sûr, semble sûr de ce qu'il fait, cohérent, décidé, tonique et... vivifiant, allez, pour le dire vite, en lexique gel douche, même, donc sans meilleurs mots, mais que je trouve pas, là, dans l'empressement du commentaire. Mais bonne suite, hein ! J'attends, voir...
RépondreSupprimeroui, à la base c'était un truc jeté, je ne voulais pas passer plus d'une après-midi dessus, j'essaie de travailler de plus en plus vite sur des projets de ce type, à raison d'une vidéo par jour, voire de bâcler ce que j'entends comme trop "espéré" par le tiers imaginaire (ou consensus socio-culturel), ce qui reste très dur, j'ai finalement replongé vers une apparence "produit fini". à mon goût, la mise en scène est encore trop préparée (la position de mes pieds sonne faux, mais c'est drôle je trouve ce côté faux, en l'espèce), ce n'est pas pour faire moche, ou pour me donner un genre, c'est simplement que c'est chez moi, à partir d'ici que tout se crée, et c'est l'endroit le plus honnête du monde, donc rien ne semble justifier plus de séduction ou moins (ce qui relèverait de la dialectique un peu usée) que ça ne l'est naturellement. La différence, l'attention, doit être portée sur autre chose de plus intérieur. La beauté cinématographique n'a je crois plus tellement de valeur, puisqu'elle dépend surtout des moyens financiers versés. En effet il devient de plus en plus difficile de faire laid de nos jours, ou de se démarquer radicalement, tout le monde est un directeur artistique ou relativement chef op', ce qui va de soi dans un monde qui s'observe d'abord selon son "design" ou au mieux via l'esthétique de son sens, ou "concept" comme on dit en marketing et en art contemporain : c'est suffisant pour se méfier à mon avis. Il s'agit toujours de sublimer le réel, mais je crois qu'il s'est enfoncé sous le poids de prétentions individuelles trop souvent mensongères ou simplement pataudes, et qu'il s'agit de le remettre sous des pieds plus dansants
RépondreSupprimerencore un hater
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