dimanche 14 octobre 2012

Angélique

J'ai rêvé qu'Angélique était des nôtres. Elle rodait dans ces oléoducs nouveaux. Une visière de casque pour seul vêtement, à l'arrière d'un roadster intérieur cuir. Mais Angélique a juste entendu du boucan. Le boucan qui venait des égouts. À 4 heures du matin, ça l'a réveillée : c'est tout. En pleine hypnose, tandis qu'elle dansait Musée Grévin, une coupe à la main, de néoprène, offerte par un DJ qui mixait les Excuses... Elle est venue vérifier ; si c'est de l'or blanc ou du yogourt. Tout ce que son doigt minuscule sait enfoncer. La mondaine ne comprendra jamais qu'elle pigera jamais avant les miradors qui la protègent. Cette génération complote contre elle. Le garçon de café est devenu fou. 

« Qu'est-ce tu fous là, princesse, tu t'es sauvée du royaume ? Tu commençais à te faire chier à Liberty Resort que 40 000 ans de pharaonisme forcé viennent à peine achever de nous ensevelir ? » 

Retourne chez ton père, bouger ton cul sur nos écrans de contrôle.


Toujours plantée face à moi, Angélique retira son casque en douceur. Quand son visage me fut ainsi dévoilé, mille injonctions brutales m'envahirent. Et comme pour surmonter cette bouffée d'idées ravageuses, « ne les trahis pas », synthétisai-je d'une razzia. Elle insistait, muette et impeccablement immobile ; modifiait des expressions curieusement autonomes, des sentiments qui défiaient ma lecture autant que ma résistance. Ils se déclaraient, disparaissaient, vivaçaient, sans que le moindre mouvement n'opère jamais sur son visage, d'où se détachaient en lévitant les ondulations magiques de sa beauté seulement plastique, et des teintes scabreuses. Je crus d'abord saisir dans ses yeux une infime tristesse. Puis soudain, sans crier gare, tentant une périlleuse remise en cause de celle-ci, m'échouai en fin de compte dans ce qui m'apparaissait dorénavant le champ d'une désolation intense... Mais après tout, qu'importe... Est-ce que je ne les avais pas déjà trahis, la veille, avant même que cette épreuve ne commence, lors d'un précédent rêve, où, seul contre elle, et alors beaucoup plus doux, une volonté d'un tout autre ordre l'avait naturellement désarmée.

MC